La noctambulance

 

Levons nos verres, veux-tu ma chère?

Moite et humide sera l'orage...

Toute chose est prétexte à l'hommage.

A la santé de l'éphémère!

 

Et si l'on pâlit à vue d'oeil,

Ce n'est pas une question de race.

Tes états d'âme me font de l'oeil,

Je plie, supplie, et bientôt casse.

 

Sur toi l'avenir n'a plus d'emprise,

Et tu consumes le présent,

Brûlant l'essence de nos désirs,

Sabrant le temps dans son élan.

 

A nos ébauches liquoreuses,

Le père le fils le presbytère,

Les belles paroles des beaux parleurs,

Tous dans l'même sac, six pieds sous terre.

 

Suivent les rancoeurs de nos humeurs,

Le long d'la lame de l'arrache-coeur

Qui glisse sur ton corps chiffon

Comme la froideur de mes démons.

 

Sur toi l'avenir n'a plus d'emprise,

Et tu consumes le présent,

Brulant l'essence de nos désirs,

Sabrant le temps dans son élan

 

Si les queue-de-pie un jour s'envolent,

Celle du poison est une arrête

Qui en un coup de main étouffe

Les vieux tourments de tes dé-fêtes.

 

Passent les cireurs de pompes funèbres,

Et la roulotte de dame fortune,

Lassant les tords et les travers,

Las sont les anges qui se déplument.

 

Toute la nuit à brasser du vent

Il est temps, rebroussons chemin...

Pour enfin, ne penser à rien,

Ivresse de faire cesser le temps

 

Pouvoir prolonger le présent

Dans l'infini de sa vitesse

En demeurant dans cet instant

Comme une déesse qui se délaisse

 

Ainsi tu traines ta mine de rien sous des lanternes alambiquées qui guettent et quêtent pour accoupler, l'éphémère et l'éternité...